samedi 17 septembre 2011

Vers le sud

Nous avons quitté Madère le dimanche 4 septembre vers 18h. Une petite brise nous a permis de mettre tranquillement les voiles pour le Cap Vert. Comme nous sommes déjà bien à l'ouest, nous décidons de ne pas faire escale dans les réserves naturelles du sud de Madère.

Dès le deuxième jour, nous sommes poussés par des vents de l'ordre de 20 nœuds. Durant la journée, des bruits incongrus nous parviennent du pilote… et en fin de soirée… gling gling… une pièce cède… Danny (c'est le nom qu'on a donné au pilote) nous abandonne pour la seconde fois. Gil fait un rapide état des lieux: le support du moteur du pilote est faible et a eu du jeu, ce qui a provoqué le sectionnement d'un axe. Décision: nous allons nous dérouter sur les Canaries en espérant trouver les pièces dont nous avons besoin.

Après une journée à barrer en alternance et très secoués par la houle, nous atteignons Santa Cruz sur l'île de Tenerife. Dans la soirée, nous nous amarrons dans une superbe marina, à moitié vide, accueillis par deux gardes port. Tout mal à l'aise, l'un d'eux demande si l'on a déjà été dans un port espagnol: "non pourquoi ?" Depuis cette année il y a un nouveau règlement: tout bateau non espagnol doit payer une taxe. "Mais on est de l'Europe!" (nous naviguons sous pavillon belge). Hélas même pour les européens… "et cette taxe elle est de combien?" en fonction du séjour (1 à 30 jours, 1 à 45 jours, …) vous devez faire le calcul suivant: surface du bateau x 4,2884€ (je suis plus sûr des chiffres après la virgule, et pourquoi 4 chiffres ?) Pour un séjour de 30 jours on paye le 20% de ce montant, soit pour Aloha (4m60 x 17m) 67€ et bien sûr il faut en plus ajouter l'emplacement qui doit être dans les 45€ ! Tous ça pour une nuit de 20h à 8h du mat en attendant l'ouverture du chantier naval. Vive l'Europe ! Avec un peu de chance, la digue de protection du port a été financée par l'Union Européenne !
La pilule est dure à avaler, et nous décidons de partir plus au sud à la recherche d'une anse.
C'est vers 4h du mat après avoir passé le sud de l'île que nous ancrerons devant un petit port de pêche. Dans la matinée, nous rejoindrons Los Cristianos, qui selon notre guide possède une grande crique pour le mouillage ainsi qu'un chantier naval tenu par la coopérative des pêcheurs… Mais là encore, pas de chance, l'accès à la crique a été interdit aux voiliers, le port de pêche a perdu une bonne partie de son espace au profit de day-charters (bateaux qui emmènent les tourismes en mer pour la journée) et de gros bateaux faisant la liaison entre les îles. Tant pis, on ancre entre les bateaux de pêches, Gil démonte le pilote et à la rame, rejoindra le quai. Il sera accueilli par la police maritime, qui l'informe qu'il n'est pas possible de venir dans ce port. Gil avec sa connaissance de l'espagnol explique que le moteur est en panne, le policier ne l'aidera pas à amarrer mais n'insistera pas trop. A chacun de nos retours à terre, un policier sera là pour nous accueillir et nous sortir la même rengaine!
La coopérative de pêche semble avoir disparu, mais Gil trouvera des artisans construisant un magnifique ketch, qui nous viendront en aide. Le patron préparera toutes les pièces nécessaires directement devant Gil pour être sûr d'avoir tout bien compris.
A terre nous découvrons une station balnéaire, tournée vers un tourisme de retraités et de suédois. Et malgré ce tourisme, aucun endroit offre le Wifi gratuit, il faut aller dans un café internet pour pouvoir se connecter.

Nous reprendrons notre route le 9 septembre en fin de matinée. Des petits airs nous permettent de quitter tranquillement les Canaries.

Mais dès le jour suivant, et pour 3 jours, nous serons poussés par des vents de 25 nœuds en moyenne, avec des rafales allant jusqu'à 30 à 35 nœuds (6 à 9 beauforts). Ces vents sont naturellement accompagnés d'une houle soutenue, et dans les creux on ne voit même plus les autres vagues. Nous diminuons les voiles (un ris dans la grande voile et pas de génois) et avançons à 7-8 nœuds.

Dans un premier temps les vents nous poussent plus sur les côtes africaines, et Gil propose de passer d'abord par Dakar et la côte sud du Sénégal et ensuite le Cap Vert.
Je ne suis pas très chaude: d'une part nous n'avons pas de nouvelles de la situation politique au Sénégal et d'autre part, nous devons prendre la profilaxie contre la Malaria 7 jours avant notre arrivée.
Nous hésitons pendant 2 jours, mais finalement les vents ou moi (?) avons réussi a décider Gil de mettre le cap sur le Cap Vert.

Les journées à bord sont consacrées, malgré la gite, à l'école, aux repas, à la lecture ainsi qu'à la contemplation de l'océan.
Je suis toujours étonnée de voir en permanence des oiseaux. Nous sommes loin des terres et il y a toujours quelques oiseaux. Difficile de dire aussi si se sont les mêmes qui nous suivent, où si nous croisons des groupes différents.
Nous accueillons également au matin nos premiers voyageurs clandestins… les poissons volants. La journée, nous les observons s'envoler en escadrille au dessus des vagues, les raser, parfois faire des ricochets et replonger. Pourquoi ces poissons ont-ils besoin de sortir de l'eau? En principe ils n'ont pas besoin d'oxygène, et il n'y a pas d'insectes à manger. Alors pourquoi? (voici donc notre seconde énigme).

Gil réfléchit toujours sur les améliorations qu'il pourrait apporter à Aloha. A force de chercher pourquoi le pilote nous a lâché deux fois, il découvre que le pilote qui a été posé, est prévu pour un bateau de 14m et moins de 15 tonnes, ce qui n'est évidemment pas le cas d'Aloha. Et réflexion après réflexion, il n'est pas judicieux de traverser l'Atlantique avec ce pilote. Nous devrons donc le changer à notre prochaine étape.

Enfin, et malgré la houle, le capitaine et les 2 mousses décident enfin de pêcher à la traîne. Rapidement j'entends: "Maman ça mord!" Notre quotidien va-t-il être amélioré? Que vais-je faire de tout ce poisson s'il est gros? "Alors vous le remontez à bord? Vous en faites une drôle de tête…" Mes trois compères ne pensaient absolument pas pêcher… un oiseau !!! Et oui il s'était attaqué à notre leurre !

Les enfants nous posent des milliers de questions, sur la lune, le soleil, les planètes… Alors un jour, je prends les deux encyclopédies juniors et fait la classe sur l'Univers et ses planètes. Mais la grosse surprise, un livre nous annonce un système solaire à 8 planètes alors que l'autre surenchérît avec 9!? Comment expliquer cette différence, surtout que c'est l'ouvrage le plus récent qui donne le chiffre de 8, en parlant sans plus de Platon comme une exception. Ne pouvant trouver la réponse sur internet en plein océan, (et ne pouvant pas souvent nous connecter) nous remercions la personne qui pourra nous donner une explication plausible.

Les trois derniers jours nous paraîtront très longs, notre moyenne de navigation étant descendue à 5-6 nœuds. Et c'est encore plus dur quand vous vous dîtes, on arrivera mercredi peut-être dans la soirée (ce qui n'est pas indiqué d'arriver de nuit sur le Cap Vert) et que finalement vous atteignez les îles qu'en fin d'après-midi le jeudi.



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