samedi 3 décembre 2011

Cap Vert (3)

Nous retrouvons Mindelo le mercredi 12 octobre. Avec hâte, nous nous rendons à la poste pour apprendre que le paquet n'est pas là.
Au bout de deux jours, la poste nous informe que comme le paquet fait plus de 2 kilos, c'est dans un autre centre que l'on doit se rendre, soit au télécom cap verdien!
Là, un employé (super sympa) nous informe que le paquet vient seulement de quitter la Suisse! Comment ça? Non, d'après le site de La Poste le colis est entré dans le pays le 6 octobre. Il nous invite à entrer dans les bureaux et nous montre son ordinateur. Effectivement selon les cap verdiens le paquet est juste parti de Suisse. Alors il me laisse son ordinateur et je lui montre le site suisse. C'est alors qu'il comprend: "Entré dans le pays de destination / PTLIS" signifie que le paquet est arrivé au Portugal à Lisbonne, mais qu'il n'est pas parti de là-bas…
On est furax, on est entrain de perdre des jours qui auraient dû être consacrés à la visite des îles. Il nous conseille alors de revenir le mardi car selon lui, si le paquet part cette fin de semaine d'Europe, il va d'abord à Sal puis viendra ensuite à Mindelo.

Dépités, nous partons pour le week-end à Santa Luzia, l'île déserte.
Le courant entre les îles de Sao Vicente et Santa Antao ne nous permettant pas de remonter au pré (et Aloha n'étant vraiment pas performant sous cette allure), nous passerons par le sud.
Et quelle surprise… A la sortie de la passe, nous sommes rejoints par un troupeau de dauphins. Combien étaient-ils ? 50, 100 ? Impossible de les compter. Il y en avait à droite, à gauche, devant, derrière, encore et encore plein derrière. C'était magnifique, certains faisaient des bons hors de l'eau, s'approchaient à toute vitesse du bateau puis viraient au dernier moment. Ce moment magique a duré au moins un quart d'heure.
Nous ancrons à la tombée de la nuit devant la plage de Santa Luzia, dans une baie rien que pour nous.
Le dimanche il ne fait pas très beau et du coup, l'eau ne paraît pas aussi turquoise que lors de notre première escale. Gil chassera. Et tous, nous jouerons dans l'eau.
Nous décidons de rester un jour de plus et de ne repartir que le mardi.
Le lundi, les enfants réclamant depuis deux jours, nous nous rendons en zodiac sur la plage, celui-ci étant laissé au large (env. 50m, lesté par une gueuse). Mais moins de 5 minutes après notre débarquement, le zodiac est propulsé par les vagues sur la plage et se retrouve à l'envers dans l'eau puis sur le sable… son contenu éparpillé dans l'eau (stab et bouteille de plongée, bouteille d'eau, cagette, masque et tuba).
Rapidement, tout est rassemblé sur la plage, et le zodiac remis à l'endroit. Par contre une fois à l'eau, le moteur ne veut rien savoir. C'est donc à la rame que Gil rejoint Aloha afin de procéder au grand nettoyage du moteur et priant très fort pour que celui-ci redémarre.
Sur la plage (et heureusement sous un ciel nuageux), les enfants (et moi, c'est l'avantage d'être maman, on a le droit de retomber en enfance) faisons un immense château de sable, décoré de coquillages, puis Robin creuse une piscine, que malheureusement (on est à marrée descendante) nous ne verrons pas se remplir.
Gil reviendra nous chercher plus d'une heure après. Il annonce alors qu'il manque à l'appel le baudrier (bretelles lestées). Equipée masque et tuba, je pars à sa recherche, autant chercher une aiguille dans une botte de foin… Après 10 min et trois roulés-boulés dans les vagues, eurêka je l'ai. Mes futures plongées sont sauvées (j'avais effectivement une grande motivation pour rechercher le baudrier, vu que c'est moi qui plonge avec!).
Il nous fallu encore vider le zodiac du sable accumulé. Et là, ce fût vraiment une surprise, on aurait encore pu bâtir un énorme château de sable.
Bref, Gil qui avait terriblement mal au dos ce jour-là et voulait se reposer en a pris pour son grade de capitaine, et on retiendra donc la leçon: ne pas s'approcher trop près d'une plage lorsqu'il y a de la forte houle!

Le mardi matin, avant de lever l'ancre, nous essuyons notre premier grain tropical. Il dure à peine 5 minutes. Mais c'est en faisant route pour Mindelo, que nous essuierons le plus gros grain. C'est assez impressionnant.
Arrivés à Mindelo nous apprendrons que nous sommes dans la période des pluies. Il y a quelques années, les pluies tombaient en août, et maintenant elles tombent en octobre. Comment la nature, et surtout les cultures réagissent-elles à un tel changement?

De retour à Mindelo, nous déchantons, le paquet est toujours aux abonnés absents. Le postier nous suggère de faire pression sur la Poste suisse, car malheureusement de son coté il ne peut rien faire.
Pendant une semaine, nous appellerons régulièrement Plan-les-Ouates, puis les réclamations de La Poste. On apprendra qu'au Portugal, ils ne sont pas informatisés pour le suivi des paquets. Ça rassure!

Nous vivons donc plus d'une semaine à Mindelo, et découvrons des différences par rapport à notre premier séjour un mois plus tôt.
Coté fruits et légumes, les mangues qu'on trouvait à tous les coins de rues ont disparu. Les oranges ont fait leur apparition. Elles sont relativement acides, mais si on attend quelques jours elles se radoucissent un peu.
Une boucherie, une vraie, ouvrira ses portes le dernier jour de notre séjour. En effet, au Cap Vert la viande est vendue soit congelée, soit salée. Malheureusement, même salée nous ne pouvons pas en emporter, car il faut une grande quantité d'eau pour la dessaler avant de pouvoir la cuire.

En fin de semaine, une animation inhabituelle à la marina nous fera un peu patienter.
D'une part, un immense trois mâts battant pavillon norvégien, s'encrera dans la baie. Il s'agit certainement d'un bateau de l'école militaire.
Puis nous voyons arriver, un puis deux, …, puis dix bateaux de la mini-Transat. Les bateaux qui s'arrêtent à Mindelo sont ceux qui ont eu des avaries. Nous passerons un après-midi complet à découvrir ces bateaux et les marins (6m50 pour traverser l'Atlantique en solitaire). Nous profitons alors de suivre la course et de découvrir que le genevois Etienne David est 8ème dans la classe proto. (tapez mini-transat Concarneau-Bahia pour en savoir plus).

Nous passons le second week-end d'attente à Mindelo. Le temps est gris et pas du tout encourageant pour aller à la plage.

Le début de semaine est marqué par deux pluies diluviennes. Lors de la première, nous profitons de remplir les réservoirs d'eau. Ils sont à sec et cette pluie est providentielle. Après avoir laissé le pont se nettoyer, nous remplissons les cuves, soit environ 1000 litres, à l'aide de deux tuyaux branchés sur le pont et la gravitation. Les cuves étant pleines, nous remplirons encore la baignoire (type sabot), où Farah et Robin prendront un bain d'une heure dans une eau à 20°!
En ville, les rues sont inondées amenant dans la rade, une eau brunâtre et chargée de déchets. Cette ligne ocre s'avance inexorablement jusqu'à encercler Aloha et au-delà.
Les vents qui accompagneront la deuxième pluie viendront du sud (tout à fait inhabituel pour Mindelo) et varieront de plusieurs degrés. Du coup, certains bateaux se touchent. Il faudra en permanence être sur le qui-vive.

Malgré les pluies torrentielles, Gil se rendra deux fois à la Poste. L'employé (il a dû aussi travailler pour nous) nous ayant informé le vendredi que notre colis serait là le mardi. Et il n'a pas menti. Le mardi, la réceptionniste confirme que le paquet est là. Il faut que Gil use de toute sa diplomatie pour voir de ses propres yeux le paquet pour y croire. Malheureusement, il ne peut repartir avec car des papiers doivent être remplis par les douanes. Rendez-vous est pris pour le lendemain.
Accompagné du postier dans un premier temps, il faudra à Gil plus de 4 heures pour obtenir tous les documents. Son périple le mènera à travers toute la ville, d'un bureau de douane à l'autre. Il faut même un papier de domicile. Mais le dit bureau qui le délivre est fermé à cause de la pluie, une infiltration d'eau ayant fait tomber un mètre carré du plafond. Notre charmant postier fera avancer les choses comme il peut (les plaques de chocolat offertes le jour précédent y sont-elles pour quelques choses? Ou est-ce seulement l'accueil cap-verdien?). Dans un bureau, le délai d'attente est d'une heure (mais en réalité personne d'autre n'attend) et à l'heure dite, le papier n'est toujours pas rempli. Enfin, Gil ayant récupéré le paquet, un douanier annonce qu'il doit venir sur le bateau pour certifier que le pilote est bien destiné à un bateau belge. Mais quand il comprend que le bateau est au mouillage et non amarré à la marina, et vu qu'il pleut toujours à averse, il renonce!
Enfin le paquet est à bord. Des petits cadeaux pour les petits et un grand cadeau pour le bateau. On n'a vraiment pas de chance, quelqu'un a dû parler de la bête à grandes oreilles à bord d'Aloha, car il manque une pièce (le boulon de fixation diamètre 16 soit des normes américaines) et le réservoir d'huile fuit. Il faudra faire avec et trouver des astuces sur place.
Gil entreprendra le changement de pilote plus tard, lors d'une autre escale, car nous avons hâte de changer de décor.

Le jeudi 27 octobre, soit après 16 jours à poireauter, 16 jours perdus que nous aurions pu consacrer à la visite de l'archipel, nous quittons Mindelo en fin d'après-midi via Boa Vista.

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